Happy don't you? [SUJET TERMINE]

Devant le sourire timide de Sofia, Maxine se rendit compte qu'elle y était peut-être aller un peu fort. Le regard noir et les crises de colères, c'était bon pour les autres. Avec sa meilleure amie, il allait falloir qu'elle apprenne à se maîtriser, sinon elle allait finir par le regretter. Sofia lui avait toujours dit ce qu'elle pensait, et Max n'avait aucune envie de voir leur relation changer... Et de toute façon, le sujet Hayden était parfaitement anodin. Pas de quoi fouetter un chat. Si ?

- Bon, je veux bien reconnaître que ton frère dégage un charme diabolique, laissa tomber Maxine, toujours conciliante. Et que quand il chante, il est... comment on dit déjà ? Ah oui ! Grave sexy...

La jeune femme fit mine de lever les yeux au ciel, avant de lancer un clin d'œil à son amie. Lorsque Sofia lui parla du chanteur très beau et très gay qu'elle avait croisé au studio, Max laissa échapper un petit rire. La prédatrice qui dormait en Sofia Johnson venait de reprendre le dessus... Bien sûr, Maxine n'était pas dupe : nouvelle proie, nouveau sujet de discussion, et surtout, nouveau moyen de détourner le sujet "Calim Hartigan & Cie". Cependant, elle connaissait sa meilleure amie et n'insista pas. Quand Sofia voudrait en parler, elle en parlerait, et Max n'était là pour brusquer personne.

- Je te fais entièrement confiance pour tous les remettre sur le droit chemin, So' ! lâcha-t-elle en riant. Avec toi, il suffit d'un regard embrasé pour qu'il vire de bord...

Lorsque Sofia se leva pour aller se chercher quelque chose à boire, Max fit des efforts pour maintenir un sourire avenant sur son visage. Encore et toujours le même manège... Cela durait depuis des jours, le coup de "couper son appétit à grande gorgée d'eau". Et au vu des résultats qu'elle avait obtenus dans la matinée, Max commençait à comprendre qu'il ne servait à rien d'insister. Autant se la jouer subtil...

- C'est bon, je viens avec toi, répondit Max en se levant à son tour.

Elle épousseta sa robe des grains de sable qui s'y étaient logés avant de se diriger avec Sofia vers le bar à ciel ouvert qui surplombait la plage. Tout juste une ou deux minutes plus tard, elles étaient arrivées à destination et Max commanda d’un ton joyeux :

- Deux bouteilles d’eau gazeuse et… une barquette de fraise au sucre ! Avec supplément chocolat.

Max n’aimait ni le sucre, ni les fraises. Par contre, elle savait que sa meilleure amie raffolait de ces petits fruits rouges… Se retournant vers Sofia, elle la gratifia d’un petit sourire parfaitement innocent. Machiavélique ? Certainement pas…

Sofia fit un sourire malicieux à Maxine quand son amie commença à parler comme une fan. Elle avait l'impression de voir Stella quand elle était encore calme. Voir Maxine rigoler de la sorte sur le sujet lui faisait plaisir. Elle savait qu'en elle elle ne rigolait pas et devait peut-être se poser des questions. La remarque de Sofia avait sûrement dû raviver des questions qu'elle se posait depuis des semaines mais si Max voulait en parler elle le ferait et ce jour-là Sofia serait là.

- Je me suis dit aussi la même chose mais c'est mon frère alors au lieu de dire qu'il a un charme diabolique je me dis que c'est de famille.

Sofia éclata de rire à sa remarque niveau primaire et son sourire ne s'effaça pas quand Maxine parla de Nate le chanteur du nouveau groupe que Kate diffusait à la radio. Elle doutait d'arriver à le faire changer de bord mais qui ne tente rien n'a rien, en plus il est sacrément craquant.

- Hum je sais pas trop. Si je le revois je tenterai et j'aurai ma réponse. Mon charme n'est pas infaillible. Regade Joaquin, mon danseur, n'a jamais cédé et c'est pas faute d'avoir essayé. En plus je sais qu'il n'est pas gay... Je devrai peut-être revoir mes atouts charme moi...

Encore un sourire, encore un regard complice avec Maxine. Leur amitié semblait indestructible à vue d'oeil mais ce que Maxine persistait à faire risquait fort d'éloigner Sofia. Si Max croyait que Sofia était dupe c'est qu'elle connaissait mal son amie. Commander des fraises ok, avec du sucre ET du chocolat non merci. D'un regard Sofia fit comprendre au serveur que les fraises sans sucre et sans chocolat serait parfait.
A présent Sofia comprenait pourquoi Max avait tenu à venir avec elle jusqu'au bar. Ce genre de traquenard déplaisait plus que tout à Sofia et elle détestait se sentir prise au piège. Quelques minutes plus tard le serveur leur déposa leurs bouteilles d'eau et la barquette de fraises natures. Voyant le regard de Maxine Sofia paya rapidement, s'empara de sa bouteille d'eau, de la barquette de fraises puis se dirigea vers leurs transats. Elle déposa sa bouteille et la barque sur le plateau posé sur la petite table entre les deux transats et se débarassa de son pantalon.

- Je détéste ce genre de piège, si j'ai faim je mange, si je n'ai pas faim je ne mange pas, siffla Sofia entre ses lèvres alors que Maxine la rejoignait.

Elle plia son pantalon et le posa dans son sac puis s'allongea sur son transat callant bien ses lunettes sur son nez et prenant son Ipod dans son sac ne laissant pas Maxine lui dire quoi que ce soit ou se défendre. Sa meilleure amie pourait dire ce qu'elle voudrait Sofia n'écouterait pas. Elle n'avait que faire des excuses de Maxine et s'endormit pendant près d'une heure, épuisée de sa soirée et de se disputer avec Maxine. Elle regrettait que leur amitié en pâtisse mais Sofia était une grande fille, elle n'avait besoin de personne pour guider sa vie ou lui dire de manger. Sa mère l'avait suffisamment fait quand elle était gamine.

Une heure plus tard environ elle se reveilla mais fit mine de toujours dormir, elle changea de position et regarda le ciel bleu. Ses grosses lunettes de soleil masquait ses larmes, elle ne voulait pas se montrer faible, ni devant Maxine et encore moins devant les habitants de Yellowstone.

[Bon, je compte sur toi pour faire péter tout ça xD]

Quoi qu’en pense la jeune blonde, le charme de Sofia était bel et bien infaillible. Et elle avait beau croire que les hommes la prenaient pour une salope, elle se trompait. Ca, Maxine en était persuadée... La jeune peintre avait toujours un sens de l’observation très aiguisé, et lorsqu’un homme regardait sa meilleure amie, ce qu’elle lisait dans les yeux de cet homme ne se résumait pas seulement à un désir animal. Il y avait toujours aussi une sorte de révérence, de crainte admirative, parce qu’ils savaient tous que, même s’ils pouvaient coucher avec Sofia Johnson, elle ne serait jamais à leur portée, elle resterait inaccessible pour chacun d’eux…

Enfin, tous les hommes excepté Joaquin Spencer. Lorsque Sofia le fit remarquer à Maxine, la jeune fille haussa les épaules dans un geste particulièrement théâtrale. En effet, Joaquin n’avait toujours pas céder, et Dieu sait pourtant que les avances que lui faisait Sofia relevaient plus de la traque que d’un jeu de séduction… Soit. Joachin restait un mystère de la nature. Longtemps, Max s’était persuadée que le jeune danseur était une grande folle. Et pourtant !

- Spencer a des raisons que la raison ne connaît pas… lâcha Max avec fatalisme. De toute façon, avoue que ce ne serait plus si drôle s’ils se soumettaient tous dès le début ! La vie perdrait… tout son sens, conclut-elle avec sérieux.

La jeune femme décocha un sourire espiègle à son amie. Dommage qu’il ne fut que de courte durée…

Quelques minutes plus tard, Maxine dut presque courir pour rester à la hauteur de son amie tandis que celle ci retournait vers les transats dans une tempête blonde. Intérieurement, Max se fustigea : Dieu ce qu’elle était stupide ! Du sucre et du chocolat ? Et elle pensait vraiment qu’elle allait amadouer Sofia avec un stratagème aussi minable ?

- Sof’ ! Attends, m’en veux pas, s’écria-t-elle entre deux enjambées. Et arrête d’essayer de me faire passer pour la méchante de l’histoire, je n’ai cherché à piéger personne !

Arrivée au transat, Sofia laissa tomber la barquette de fraises si brutalement que le quart des fruits se retrouvèrent sur le sable. La cadette des Johnson s’allongea et attrapa son Ipod dans son sac, ne laissant aucune chance à son amie de s’excuser, de se défendre, de lui hurler dessus, de lui dire à quel point elle s’inquiétait pour elle, à quel point Hayden s’inquiétait, à quel point Kellan et les autres s’inquiétaient... Debout sur la plage, Max ravala sa colère et regarda sa meilleure amie s’endormir. N’y tenant plus, elle lança un coup de pied rageur et inutile dans le sable. Merde ! Mais qu’est-ce qu’il leur arrivait ? Il y a à peine un an, Maxine n’aurait jamais put imaginer une telle scène entre elle et sa meilleure amie tant elle aurait été improbable. Aujourd’hui, elles vivaient ce genre de situation de plus en plus souvent, ou du moins trop souvent au goût de Maxine… Pourquoi les choses finissaient-elles toujours par changer ?! Crispée, la jeune femme finit par se rasseoir sur son transat, et s’abandonna à la contemplation des vagues, laissant ses pensées s’envoler…

Depuis toujours, Maxine avait horreur du changement. C’est vrai, pourquoi les choses ne pouvaient-elles pas rester comme elles étaient, à savoir parfaites ?! Pourquoi devraient-elles à tout prix changer ?! Lorsqu’elle avait rencontré ses meilleurs amis, Maxine s’était accrochée à cette constance, à cette conviction qu’elle avait que les choses ne changeraient jamais entre eux… Et pourtant, aujourd’hui tout semblait foutre le camp ! Sa relation avec Hayden devenait de plus en plus complexe et ambiguë, la cour que lui faisait Kellan s’essoufflait, et même Sofia avait l’air de s’éloigner d’elle ! Les choses étaient tellement plus faciles à l’époque…

Soudain lasse, Max soupira. Elle faisait une piètre amie, décidément… Sa meilleure amie était là, juste à côté d’elle, et elle allait mal. Et Max, en sale gosse égocentrique, se contentait de se focaliser sur elle-même, et employait tous ses efforts à essayer de figer les choses, sans se préoccuper du reste.

Elle arrivait à ses conclusions lorsque Sofia remua sur son transat. Maxine baissa les yeux vers elle et lui jeta un regard en coin. Apparemment, elle dormait toujours… La jeune femme se rallongea sur son transat, sans quitter son amie du regard.

- So’… chuchota-t-elle.

Comme elle se rallongeait, Max eut l’impression de voir une larme glisser le long du nez de son amie. Cependant, lorsqu’elle voulut s’en assurer, elle ne vit plus rien, seulement ses larges lunettes noires qui masquaient son regard. Pourtant, Max en était sure : Sofia pleurait. Et elle eut la gorge serrée de voir que sa meilleure amie tentait de lui cacher ses larmes…

- M’en veut pas, So’…

Mon Dieu ! Elle avait l’impression de répéter sans arrêt cette phrase depuis un certain temps. Max grimaça : bientôt ce genre d’excuse de vaudrait plus rien… Elle chassa ses pensées de son esprit et se focalisa sur Sofia. Sofia qui pleurait, Sofia qui voulait à tout prix à cacher ses faiblesses au monde entier – et à Max également. Elle tendit le bras et caressa l'épaule de son amie.

- Hey… Ca va ? demanda-t-elle d’une petite voix à son amie endormie.

Voilà, il était tant de crever l’abcès. La question pouvait paraître anodine, pourtant elle était tout sauf anodine. C’est une question sincère et Maxine attendait une réponse franche.

Comment une amitié supposée indestructible pouvait en arriver à ce point quasi de non-retour. Sofia se sentait terriblement coupable, elle était la cause de leurs disputes tout simplement parce que maxine s'inquiétait pour elle. Ce qu'elle pouvait être idiote de refuser le dialogue. Mais elle n'y arrivait pas, elle ne parvenait pas à se laisser aller à la confidence et à dire à Maxine le mal qui la rongeait. Malgré tout elle n'arrivait pas à décolérer, elle n'arrivait pas à ne pas en vouloir à Max d'insister. Okay son amie s'inquiétait pour elle mais elle savait aussi que quand Sofia allait mal il ne fallait pas la pousser car elle pouvait se fermer pire qu'une huitre.

Sofia vit le coup de pied de Maxine dans le sable ce qui amplifia le noeud qu'elle avait au coeur, elle s'en voulait de faire souffrir son amie mais elle n'avait pas envie de s'excuser malgré tout le mal qu'elle crééait autour d'elle.
Son heure de sommeil n'arrangea rien mais empira plutôt les choses. C'est pour ça qu'elle remerciait ses grosses lunettes de soleil pour cacher ses yeux et surtout ses larmes qui coulaient sur ses tempes. Mais elle ne pourrait pas cacher indéfiniment. Elle sentit soudain la main de sa meilleure amie sur son épaule et l'entendit lui demander si ça allait. Sofia retira son ipod, l'éteignit puis se redressa. Elle mit ses lunettes de soleil sur sa tête et regarda Maxine.

- Tu veux voir si je pleure? Eh bien c'est bon tu as vu je pleure. Maintenant ne m'approche plus, ne me touche plus. Je n'en peux plus de te voir, de t'entendre me rabâcher que je vais mal. Je le sais et c'est mon problème.

Les mots étaient sortis de la bouche de Sofia sans qu'elle mesure la conséquence de ses paroles. Elle avait parlé d'une voix tellement calme malgré la colère qui déferlait dans son coeur et dans sa tête.

- Je vais partir de la villa pour quelques temps. Ca ne peut plus durer comme ça. C'est allé beaucoup trop loin...

La voix de Sofia était comme brisée, elle savait que ses paroles feraient du mal à son amie et risquaient de la faire entrer dans une de ses colères mémorables mais Sofia n'en avait plus rien à faire à présent. Ses amis s'inquiétaient pour elle certes mais elle n'avait pas besoin qu'on la materne, sa mère l'avait fait et le faisait toujours.
Elle se leva, enfila son pantalon, son tee-shirt, rangea sa serviette toujours parfaitement calme puis elle mit son sac sur l'épaule et quitta la plage pour retourner à la maison.

- J'ai beau t'adorer plus que tout ma Maxine je ne peux plus vivre comme ça, je ne peux pas te laisser subir ça...

Elle avait murmuré ces mots à l'attention de sa meilleure amie quand elle passa à côté d'elle. Sofia avait parlé tellement bas qu'elle ignorait si ses paroles étaient parvenues aux oreilles de Maxine ou si le vent les avaient emportées loin.
Elle marcha rapidement vers la maison et l'atteignit en moins de 20 minutes. Elle se faufila par la baie vitrée donnant sur la plage et se dirigea directement vers sa chambre. Elle prit son sac de voyage dans lequel elle enfila quelques habits de rechange et une trousse de toilette. Elle ira à l'hôtel quelques jours, le temps que la situation se calme. Plus elle enfilait les vêtements plus elle sentait les larmes couler le long de ses joues. Dans un geste ultime de colère elle balança un tee-shirt sur sa commode et fit tomber le cadre que Maxine regardait quelques heures plus tôt.

Tel un zombie Sofia s'approcha de ce cadre photo et s'asseya à côté. Elle le prit entre ses mains et le retourna. Elle l'avait cassé et la photo était posée là, face contre le sol. Les quelques larmes qui coulaient le long de ses joues laissèrent place à des larmes bien plus régulières et nombreuses. Elle prit la photo entre ses mains et regarda le visage de chacune des personnes sur cette photo.

- Pourquoi je vous fait ça? Je ne mérite pas ma place parmi vous, je fais du mal à mes amis, mon frère, mon meilleur ami, ma meilleure amie.

Elle se positionna genoux repliés contre sa poitrine et mit sa tête dans ses bras laissant le flot de larmes couler sans pour autant l'apaiser. Il fallait faire quelque chose et vite...

Alors que Maxine attendait de son amie une réponse réfléchie et sincère, les paroles que Sofia lui jeta au visage la laissèrent sans voix. Elle lui aurait fait moins mal si elle l’avait giflé… Et la jeune femme avait beau se répéter que Sofia parlait sous l’emprise de la colère, elle n’arrivait pas à s’en convaincre. Incrédule quant à la tournure que prenait les événements, Maxine regarda son amie partir sans faire le moindre geste pour la retenir. Quand elle crut que Sofia s’en allait pour de bon, celle-ci passa devant elle et murmura quelques mots, si bas que Max les devina plus qu’elle ne les entendit… « J'ai beau t'adorer plus que tout ma Maxine je ne peux plus vivre comme ça, je ne peux pas te laisser subir ça... »

Lorsque Maxine reprit ses esprits, Sofia était déjà loin. Perdue, la jeune femme regarda autour d’elle, essayant de comprendre comme la situation avait put à ce point lui échapper.
Retour rapide.
Que venait-il de se passer ?!
Sofia. Sofia avait la réponse. Maxine ramassa son sac et s’apprêta à remonter vers la villa lorsque son regard tomba sur la barquette de fraises. La maudite barquette de fraises… Aussitôt, son sang ne fit qu’un tour. La jeune femme crut se noyer dans la vague de colère irraisonnée qui déferla alors en elle. Brusquement, elle envoya un coup de pied dans la petite table en plastique qui séparait les deux transats, et les fruits rouges tombèrent et s’enfoncèrent dans la sable. La villa. Il fallait qu’elle rentre à la villa avant que Sofia ne fasse une connerie…

Quelques minutes plus tard, l’impétueuse jeune femme était de retour chez elle. Elle n’avait jamais parcourut le chemin si rapidement. Sur le trajet, la colère qui la tenaillait s’était intensifiée, jusqu’à atteindre des dimensions grotesquement dramatiques. Elle lâcha son sac sur la terrasse et monta directement vers la chambre de Sofia. Le bruit de verre brisé en provenance de la pièce lui confirma que celle-ci s’y trouvait bien.

Le paysage qui s’offrit à elle lorsqu’elle entra dans la chambre de sa meilleure amie finit de la bouleverser. Sofia, en pleur, recroquevillée sur le sol… Maxine sentit une vague de remord déferler en elle. Elle aurait dut se calmer à ce moment là. Elle aurait dut prendre son amie dans les bras et la rassurer. Pourtant, cette vague de remord ne fit que raviver la colère qu’elle ressentait alors. Et puis recommencer à faire comme si de rien n’était n’aurait servit à rien. Au mieux, cela aurait arrangé la situation à cours terme, mais les choses auraient finit par empirer… Maintenant qu’elles avaient atteint ce point de non retour, autant faire table rase de tout.

Tout cela était vrai, mais Maxine ne se le dit pas. Absolument pas. A vrai dire, elle ne se disait plus rien du tout, et la colère qu’elle ressentait la maîtrisait entièrement.

- Ca ne peut plus durer comme ça ? C'est allé beaucoup trop loin ?!

Répétant les paroles que lui avait lancé Sofia avant de l’abandonner sur la plage, Maxine fit un effort pour s’exprimer calmement. Cependant, tandis qu’elle parlait, sa voix monta de plusieurs octave. Décidément, elle n’arrivait pas à se contenir dans une armure de sérénité glacial, comme le faisait Sofia. Max, quand elle était en colère, ne faisait pas dans la demi-mesure…

- Non mais tu te fous de moi So’ ? hurla-t-elle presque. Je t’ai forcé à manger une moitié de toast et j’ai voulu t’offrir quelques centaines de calories en sucre et chocolat ! Inutile de rentrer dans une colère mélodramatiques pour si peu, parce que tu sais que je suis beaucoup plus forte que toi à ce jeu là…

Des larmes de rage lui brouillèrent la vue. Dans un geste brusque, Maxine croisa les bras contre sa poitrine pour s’empêcher de trembler. En cet instant, elle ne savait plus contre qui elle était le plus en colère : contre Sofia ou contre elle même ? La jeune femme prit une inspiration soudaine et essaya de se calmer.

- Et inutile aussi de m’envoyer des horreurs au visage, parce que, tu sais quoi ? poursuivit Max d’une voix rauque. Ca ne me fera pas fuir.

La jeune femme sentit une larme glisser le long de sa joue pour venir mourir sur ses lèvres. Ah, pourquoi fallait-il toujours qu’elle pousse les choses aussi loin ? Comme si la situation n’était pas suffisamment mélodramatique comme ça… La jeune femme battit des paupières pour chasser ses larmes et se força à reprendre la parole.

- Et autant te dire tout de suite que toi non plus tu ne vas pas fuir, laissa tomber Maxine. Inutile de faire ton sac, tu ne pars nul part ! Tu peux bien me haïr, je m’en fous. Il m’en faudra bien plus que ça pour que je t’abandonne ! Je… Tu… T’essaie tellement de te convaincre que tout va bien que tu ne te rends même pas compte que ton problème est aussi le mien ! s’écria finalement la jeune femme avec amertume. Ce… C’est dingue qu’après toutes ces années tu n’ai toujours pas comprit ça So’ ! Mais laisse moi t’apprendre quelque chose : je compte bien « subir ça » jusqu’à en crever… continua la jeune femme d’un ton glacial en reprenant les termes de son ami, parce que, aux dernières nouvelles, c’est ce que font les amis… Et que tu veilles de moi ou non, je suis ton amie.

Pourquoi fallait-il qu’elle dise constamment des choses aussi clichées ? S’écoutant parler, Maxine ne put retenir un sourire, sourire transformé en rictus par la force de la colère qui déferlait encore en elle. Mais maintenant qu’elle avait prit un peu de recul, sa rage commença à retomber et se teinta peu à peu d’autodérision. La jeune femme s’approcha de sa meilleure amie et s’assit sur le sol à ses côtés. En voyant ses larmes et malgré le tragique de la situation, elle ne put retenir un petit rire nerveux. Elle-même avait les joues humides de ses pleurs. A cet instant, elles devaient à elles deux offrir au regard extérieur un tableau particulièrement grotesque !

- Je compte bien te subir jusqu’à en crever, Sofia Leona Johnson ! répéta-t-elle doucement. Ou mieux, jusqu’à ce que les choses aillent mieux…

Sofia était toujours dans sa chambre, assise contre le mur, les larmes coulant le long de ses joues sans qu'elle puisse ni veuille les arrêter. Elle entendit des pas précipités se diriger vers sa chambre et devina rapidement qu'il s'agissait de Maxine.

* Elle ne me laissera donc jamais?!*

Les paroles de Maxine la sortirent de sa torpeur. Elle ne leva pas pour autant les yeux vers sa meilleure amie, se contentant de sanglotter pitoyablement. Mais ce n'est pas pour autant qu'elle n'écoutait pas ce que Maxine lui disait. Bien au contraire, elle prenait de plus en plus conscience qu'elle avait blessé sa meilleure amie avec ses propos sur la plage. A cette pensée, les larmes de Sofia redoublèrent d'intensité. Elle se sentait tellement nulle, tellement pitoyable à pleurer pour ça mais elle avait besoin d'évacuer tout ce stress, tout ce qu'elle avait sur le coeur. Elle pensait le faire seule mais il semblerait que Maxine ne soit pas prête à la laisser seule face à ses démons.

- Je n'ai pas faim, je n'ai plus faim, je n'ai plus aucune envie, mon corps refuse toute la nourriture que je tente de lui donner. Mon corps, mon coeur, rien ne marche correctement en ce moment... J'ai peur Max...

En quelques mots elle avait fait part de ses peurs et de ce qu'elle ressentait à Maxine et elle n'en éprouvait pas pour autant une quelconque forme de soulagement. Loin de là même, elle avait l'impression d'avoir mis de l'alcool sur sa plaie. Son coeur était serré, sa respiration saccadée, son corps tremblait. Quel beau tableau de faiblesse et de pathétisme parfait! Ah ça non on ne pouvait pas faire pire.

Les mots de Maxine lui arrivèrent en plein coeur et elle ne put que lever la tête vers son amie. Alors comme ça elle avait entendu ce qu'elle avait dit en partant de la plage. Elle avait tout entendu et tout compris. C'est pour ça qu'elle était revenue aussi vite à la villa, elle avait peur qu'elle fasse une bêtise. Sofia était peut-être mal dans sa peau mais elle n'était pas suicidaire, loin de là même. Elle se voilait la face et par conséquent elle avait l'impression que tout allait bien et qu'ELLE allait bien donc aucune raison de vouloir mettre fin à ses jours. Non jamais elle n'aurait la force d'aller jusqu'au bout d'un tel geste.

- Je n'ai pas le droit de te faire subir ça. Tu es peut-être mon amie mais je ne peux pas te laisser tomber avec moi. Je me relèverai ne t'inquiète pas, j'arriverai à affronter mes démons mais je ne peux pas te demander de m'aider.

Lui demander? Il semblerait qu'elle ne l'aie pas fait mais que Maxine était toujours là auprès d'elle. Peut-être qu'une meilleure amie c'est dans les bons comme dans les mauvais moments. Bien sûr Sofia et Maxine s'étaient souvent disputées mais ça mettait du piment dans leur amitié. Or là quelque chose de différent se tramait. Une dispute certes. Mais là Sofia était vraiment pas bien et leur amitié était rudement mise à l'épreuve. Sofia avait peur à présent qu'elles n'en ressortent pas indemne, ni l'une, ni l'autre, ni leur amitié...

Maxine prit place aux côtés de Sofia et d'un geste presque robotisé la jeune femme blonde prit la main de son amie et la serra fort. Leurs doigts s'étaient entrelacés montrant la force de leur amitié. Les larmes coulaient toujours sur les joues de Sofia et elle ne put s'empêcher de sourire en voyant que la même chose se produisait sur sa meilleure amie.

- Je ne mérite vraiment pas ton amitié. Depuis des jours je te rejette, je suis odieuse, blessante envers toi. Je ne peux vraiment pas te laisser me supporter et ce malgré tout ce que tu penses. C'est pour ça que je veux partir, je ne veux pas que tu me vois dans cet état...

Sofia devait se soigner et surtout reprendre un peu de poids si elle ne voulait pas que Maxine ou Hayden ou Kellan la fasse entrer de force dans un centre pour anorexiques. Mais elle ne pouvait pas demander à Maxine de lui venir en aide, c'est beaucoup trop lourd à porter pour une meilleure amie, aussi forte soit-elle. Un nouveau sanglot apparut dans sa gorge et lui fit resserrer légèrement la pression de sa main sur celle de son amie...
Non ça n'allait définitivement pas.

- Non seulement t'as le droit de me faire subir ça, So', mais en plus tu n'as pas le choix. Ce n'est pas à toi de me dire ce que je dois subir ou non, rétorqua Maxine d'une voix parfaitement calme qui contrastait avec le tranchant de ses paroles. Ca c'est un choix qui m'appartient entièrement...

Soudain lasse, la jeune femme s'adossa à la commode en soupirant, sans lâcher la main de Sofia. Elle avait du mal à contenir son irrésistible envie de prendre sa meilleure amie par les épaules et de la secouer en lui criant que, justement, elle n'était pas obligée d'affronter ses démons seule. D'ailleurs, si elle avait pensé que cette méthode aurait été efficace, elle n'aurait pas hésité à le faire ! Mais elle commençait à comprendre que les choses ne marchaient pas toujours comme ça avec Sofia... Dans ce cas, comment marchaient-elle ? Que pouvait-elle faire pour aider son amie ? En était-elle seulement capable ?!

Son soudain abattement eut finalement raison de ses larmes. Maxine battit des paupières et essuya d'un geste de la main les dernières larmes qui coulaient sur ses joues. Levant les yeux, elle croisa le regard de Sofia, et surtout elle vit ses lèvres esquisser un sourire inattendu. Ce n'était peut-être qu'un tout petit sourire incertain, mais il eut l’effet de détendre légèrement la situation, de dénouer le nœud qui s’était formé dans l’estomac de Max. Un tout petit pas en avant… La jeune femme y répondit, par un petit sourire nerveux. C’était peut-être ça la solution finalement. Un simple sourire.

- Ecoute So’, si tu veux vraiment partir, je t’en empêcherais pas. Je suis pas convaincue que ce soit la solution, mais si tu penses que tu en as besoin… C’est toi qui décide ! répondit finalement Max. Et puis… c’est pas en prenant une chambre au Presley que tu arriveras à me semer, ajouta-t-elle en souriant, serrant davantage la main de Sofia dans la sienne. Si c’était le cas, c’est moi qui ne mériterais pas ton amitié…

Pour l’instant, Maxine refusait d’envisager la possibilité que sa meilleure amie veuille aller plus loin que le Presley Hotel… Que ce soit pour Sofia ou pour elle-même, cette éventualité impliquait beaucoup trop. La jeune femme se contenta simplement de croiser le regard de Sofia et de lui sourire.

- D’un autre côté, reprit-elle avec une hésitation feinte, pense un peu a moi. Si tu partais, contre qui est-ce que je pourrais me mettre en colère ?! Tu sais bien que j’ai besoin de ma dose de pleur et de drame quotidienne pour me sentir bien…

La situation s’était détendu d’elle-même. Ce qui eut pour effet de rassurer grandement Maxine. Quel que soit le problème, elles s’en sortiraient, Sofia s’en sortirait. Quoi d’autre, sinon ? C’était la seule option… Ragaillardie, la jeune femme baissa les yeux vers leurs doigts entrelacés. Elle prit une profonde inspiration avant de se jeter à l’eau, se préparant à replonger dans le cœur du problème.

- Je… j’ai peur, moi aussi. Sincèrement. C’est peut-être égoïste, mais le fait de te voir comme ça, le fait que tu me dises que tu as peur, tout ça me terrorise complètement ! Je sais que je suis ta meilleure amie, et que dans ces moments là je suis censée être forte pour deux, mais je m’inquiète vraiment. Et je sais pas quoi faire pour t’aider. Va falloir que tu m’aide So’, conclut Max en penchant la tête vers son amie.

Pendant une seconde, Maxine eut une pensée aussi brusque que douloureuse pour son frère. C’était comme ça que tout avait commencé avec lui… Comme ça qu’il avait perdu goût à la vie et qu’il s’était éloigné de Max. « Je n'ai pas faim, je n'ai plus faim… Mon corps, mon cœur, rien ne marche correctement en ce moment... » Les paroles qu’avait prononcé Sofia auraient aussi bien pu venir de Cooper. Quelque mois plus tard, l’overdose lui avait été fatale.
Max chassa cette pensée de son esprit. Les choses étaient différentes aujourd’hui, So’ n’était pas Cooper. Elle ne ferait jamais une telle chose…

Sofia se calmait peu à peu alors que Maxine s'était assise à ses côtés. Sa présence l'apaisait et la jeune femme blonde savait qu'avec le temps elle arriverait à remonter la pente et sortir la tête de l'eau. Ecoutant les paroles de Maxine, Sofia pris une longue et profonde inspiration afin de se calmer et de chasser les derniers sanglots qui bloquaient sa vue et sa respiration.

- J'ai juste besoin d'un peu de solitude pour me retrouver et faire la paix avec moi-même. Je reviendrai te voir, et puis on se verra avec les autres. Je ne compte pas te laisser cette maison à toi toute seule tu sais.

Effectivement l'ambiance s'était relativement détendue d'elle-même au plus grand soulagement de Sofia. Ce mélodrame commençait à lui faire peur malgré le fait qu'elle en soit l'unique responsable. Elle n'était pourtant pas du genre à se laisser aller mais il faut croire qu'être en présence de Maxine suffisait à lui faire oublier ses soucis quelques temps ou à les accentuer...

Sofia lâcha la main de sa meilleure amie et se leva pour continuer de préparer son sac. Elle mettait ses affaires dans son sac sans vraiment savoir ce qu'elle mettait. Peu importe, elle reviendrait rechercher d'autres affaires si il lui en manquait. Et puis elle ne comptait pas rester des mois non plus. Ca n'arrangerait pas les choses à la longue mais ça les compliquerait plutôt encore plus.

- Je vais faire des efforts Max mais il ne faut pas trop m'en demander. Je suis comme je suis, je n'ai jamais eu besoin de personne et j'ai du mal à me dire que j'ai des gens là pour moi même si je vous aime tous de tout mon coeur mais j'ai besoin de temps comme je t'ai dit...

Non Maxine n'était pas égoïste aux yeux de Sofia. Elle était tout simplement humaine et tout ce qu'elle avait dit était arrivé droit au coeur de Sofia. Elle n'était pas insensible et encore moins à la détresse de son amie face à son mal-être. N'importe qui d'autre aurait déjà baissé les bras.
D'un geste lent elle ferma son sac puis prit un short, un top et des sous vêtements pour aller se changer dans la salle de bain. Elle revint quelques minutes plus tard prête et habillée chic.

- Il semblerait que ce soit le moment. Je te donnerai des nouvelles et je reviendrai plus vite que tu ne le crois... On ne se débarrasse pas de moi comme ça Maxine...

Elle fit un bisou rapide sur la joue de sa meilleure amie et sortit de la maison rapidement.

[SUJET TERMINE]